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2024-11-02 18:30:04 +01:00
# Stratégie de mitigation de laccident de fusion du cœur sur lEPR. | by Dragonfeu | Sep, 2024 | MediumStratégie de mitigation de laccident de fusion du cœur sur lEPR. | by Dragonfeu | Sep, 2024 | Medium
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# Stratégie de mitigation de laccident de fusion du cœur sur lEPR.
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Sep 8, 2024
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Jimagine si vous avez cliqué sur cet article, vous savez que lEPR de Flamanville vient de “diverger” (/nota: article écrit en septembre 2024/). Autrement dit la réaction en chaîne a été, et pour la première fois dans son cœur, auto-entretenue, permettant un équilibre neutronique.
Ce fameux EPR présente de grandes avancées en sûreté nucléaire, toujours afin de limiter les rejets dans lenvironnement en cas daccident. Alors aujourdhui, laccident grave! *On va parler de /corium/, de récupérateur à corium (/core catcher/), de stratégie de mitigation et de codes de calcul.* Ce que je souhaite faire avec cet article cest vous expliquer en premier lieu la physique dune fusion du cœur et ensuite la modélisation qui y est associée.
*Mais alors, comment les ingénieurs en sûreté nucléaire ont-ils réussi à gérer une substance bien pire que la lave ?* Le corium, un magma à faire pâlir Hadès, autochauffant, ultra corrosif, à très haute température, ne laissant aucune chance à la plupart des matériaux quil rencontre. Possiblement la pire substance artificielle jamais fabriquée sur cette Terre (avec les agents neurotoxiques)…
La lave est une substance similaire au corium sur beaucoup daspects, mais le corium est… encore pire.
Les réacteurs de génération III, comme lEPR (ou lEPR2), prennent en compte la gestion des accidents graves dès la conception. Je vais donc vous expliquer comment la stratégie de mitigation des accidents graves est conçue sur le réacteur EPR (notez que ce sera vraisemblablement la même sur EPR2, qui est une optimisation de lEPR).
Laccident grave de référence sur un réacteur à eau, est la fusion du cœur. Un évènement (une brèche par exemple), a pour conséquence directe un combustible qui nest plus sous eau, donc plus refroidit, et il commence à chauffer, jusquà fondre. Cest ce qui sest passé à </Fukushima/> [9] // et </Three Miles Island/> [10] // (fusion partielle), occasionnant des rejets dans lenvironnement.
EPR de Flamanville. Crédit: <Framatome> [11]
Avant de commencer, un rappel sur les trois barrières de confinement. Dans la suite de larticle, la 1ère et la 2ème barrière vont céder, et lobjectif sera de préserver la troisième, afin déviter des rejets à lextérieur.
Crédit: <EDF> [12]
# I/ Phénoménologie dun accident grave sur EPR
# I.1/ Dégradation du cœur
Le soleil se lève sur le site de Flamanville. /Le vent souffle sur les plaines de la Bretag/.. euh de la Normandie. Le réacteur EPR de Flamanville est à pleine puissance (1600MWe, ça envoie). Une bien belle journée. Et là, une énorme brèche sur le circuit primaire! On appelle ça un APRP (/Accident de Perte du Réfrigérant Primaire/). Rien ne marche, ni refroidissement, ni électricité, le primaire se vide inexorablement. Il y a de moins en moins deau autour des crayons combustible, cf. (2) du schéma ci-dessous. Les gaines du combustible commencent à soxyder. Cest très exothermique, donc le combustible chauffe fort (oxydation zirconium + hafnium principalement), on produit de la vapeur deau et du dihydrogène. Le combustible et sa gaine fondent, alors que le niveau deau continue à baisser. Cette mixture infernale, au-delà des 2400°C, contenant le combustible, la gaine, lacier des structures et autres joyeusetés, est appelée un */corium/*.
Conditions initiales [1], cœur dénoyé partiellement [2], cœur dénoyé fusion en cours [3]. Crédit: IRSN
Bon, je vais aller vite. Maintenant le cœur a fondu intégralement et il est dans le fond de cuve. Commence alors une série de phénomènes dans le corium qui vont venir attaquer lacier de la cuve (pour les curieux, la cuve est en acier 16MND5, un acier de compétition, merci le RCC-M). La brèche a mis de leau dans lenceinte et on a produit du dihydrogène pendant laccident.
Maintenant on va se donner *trois contraintes supplémentaires, pour préserver lenceinte de confinement,* et garder toutes les saletés à lintérieur, parce quon ne veut pas de rejets atmosphériques !
* *On veut contrôler léchauffement dans lenceinte.*
Pour ne pas chauffer lenceinte il y a deux choses. Déjà, on ne veut pas que la cuve perce à haute pression, sinon le corium est étalé façon spray (sans rire), et vient attaquer lenceinte. Et pour éviter une percée de la cuve à haute pression (supérieure à 15 bar), il faut dépressuriser la cuve, avec une soupape ultime (comme sur votre cocotte minute). Vous constaterez que la vanne dédiée à la gestion en AG est redondée, ce qui permet de diminuer la probabilité de défaillance de cette ligne de dépressurisation.
Crédit: IRSN
Ensuite il faut contrôler la puissance thermique dans lenceinte, cest le système EVU (Evacuation Ultime de la puissance dans lenceinte). Cela consiste simplement à asperger de leau froide à lintérieur de lenceinte. Une douche pour réacteur nucléaire. Cela sert aussi à faire retomber les radionucléides volatils dans lenceinte.
Crédit: EDF
*2. On ne veut pas dexplosion hydrogène (type Fukushima) dans lenceinte.*
Dans lenceinte il y a de lair, de la vapeur deau, et maintenant de lH2. Pour éviter lexplosion hydrogène, il faut consommer lH2, afin de sortir des zones colorées du diagramme de Saphiro (ci-dessous). Cest le principe des recombineurs autocatalytiques passifs à hydrogène, qui comme leur nom lindique, nont pas besoin délectricité pour fonctionner.
Recombineur autocatalytique passif à dihydrogène.
Diagramme de Saphiro
*3. On ne veut pas dexplosion de vapeur dans lenceinte.*
Leau liquide dans lenceinte ne doit pas toucher le corium, sous peine dune explosion de vapeur. Pour ça, cest simple il faut séparer les deux.
Séparation de leau et du core catcher.
*Maintenant quon a nos systèmes pour protéger lenceinte, il est temps de péter la cuve.* Je ne vais pas détailler les phénomènes favorables qui permettent de maintenir la tenue mécanique de la cuve. On postule que sous leffet des contraintes mécaniques (déformation) et des flux thermiques du corium (fluage), la cuve finit par se briser. Je dis « on postule » car ce nest pas systématiquement lapproche retenue.
Il y a plusieurs configurations possibles du corium en fond de cuve. Ce quon observe est une stratification du corium entre la couche doxyde et celle de métal léger. Lintuition amène à penser que la haute température du corium vient ablater la cuve. Cela est vrai au-delà de 2700°C, mais en dessous une croûte se forme en paroi, limitant les échanges thermiques. En revanche, la couche de métal léger très chaude reçoit de lénergie de la couche doxyde, et transmet lénergie à la face interne de la cuve, sur une faible surface relative “/focusing effect”/. Elle est, daprès les expériences, la couche responsable de la rupture de la cuve.
Je précise que cest lapproche pénalisante retenue, la façon dont cela arrive nous intéresse assez peu ici car on part du principe que la cuve va rompre. Létude des corium comporte son lot dincertitudes et les expériences représentatives sont complexes à réaliser.
Stratification du corium en fond de cuve possible.
Dautres pays estiment quils peuvent maintenir le corium dans la cuve. On ne distingue finalement que deux approches :
* Rétention du corium en cuve (/In Vessel Retention/, IVR) associé à des moyens de réfrigération externe de la cuve (type /External Reactor Vessel Cooling/, ERVC). Retenue sur AP1000 et APR1400.
* Rétention du corium hors cuve. *Retenue sur EPR/EPR2*, et les VVER-1200 récents.
# I.2/ Linteraction corium béton
On a désormais notre corium chaud qui tombe dans le fond du bâtiment réacteur. On arrive bientôt au /core catcher/, patience !
Une fois tombé, il arrive sur un béton dit « sacrificiel ». Ce béton a vocation à être abalté par le corium pour modifier les propriétés physico-chimiques du corium. Durant cette phase, le corium érode ce béton sur environ 50 cm dépaisseur avant de couler dans le canal de décharge qui relie le puits de cuve à « la chambre détalement ». Les mouvements convectifs au sein du corium mélangent le béton et le corium, le rendant plus fluide, plus homogène et moins visqueux afin de faciliter son écoulement par la suite. Si plusieurs coulées successives de corium surviennent, elles convergent toutes dans ce béton de manière à obtenir un corium homogène et un seul écoulement vers la chambre détalement. On appelle ça linteration corium béton (ICB).
Crédit: IRSN
ICB.
Une fois que le corium a ablaté sur toute une épaisseur, il faut maintenir la structure de lenceinte en état, et on installe donc sous cette couche de béton sacrificiel des matériaux réfractaires (qui résistent à des très hautes températures avec une faible déformation relative). Cette couche est appelée la zircone (ZETTRAL-95GR), et mesure de 10 à 14 cm dépaisseur.
Une fois que le béton est ablaté complètement dans le sens vertical, le corium arrive sur un bouchon de métal, cest un composant dont le rôle est celui dun fusible. Il est la dernière étape avant le canal de décharge. Ce fusible est conçu pour se rompre relativement rapidement au contact du corium en assurant une section de passage suffisamment large pour permettre une coulée rapide de la totalité du corium vers la chambre détalement.
Schéma complet du core catcher. Crédit: IRSN.
*La composition chimique du béton est très importante* car lablation va générer des gaz incondensables qui peuvent faire monter la pression dans lenceinte. Cest le cas du CO2 issu de la calcination du calcaire, par exemple. Ainsi sur EPR, la <procédure U5> [13] a été abandonnée grâce à une fiabilisation de lICB. Sur le parc, cette procédure permet de dépressuriser lenceinte en expulsant à latmosphère une partie des gaz préalablement nettoyés dans un filtre sable.
Note: En principe, les chargements mécaniques de lenceinte sont limités par conception. Mais il est possible quil y ait des rejets très minimes malgré tout sur EPR.
# I.3/ Interaction corium zircone
Cette partie sera assez simple, puisque lobjectif est de faire interagir le moins longtemps possible le corium avec la zircone. La zircone est ce quon appelle un <*matériau réfractaire*> [14] *à la chaleur*. Cest-à-dire quil ne fond pas, et se déforme relativement peu, même à des hautes températures (inférieures à environ 1700°C, tout dépend du matériau).
Une fois que le bouchon fusible a rompu, il faut emmener le corium jusque dans la chambre détalement *le plus vite possible*. A noter, la zircone a une forte inertie thermique, ce qui nous arrange pour ne pas dégrader outre mesure le bâtiment réacteur par contact prolongé, même si ce nest pas censé arriver (toujours prendre des marges). Ainsi, une conduite entièrement tapissé en briques de zircone remplit ce rôle dévacuation rapide du corium. Cest un tuyau dévacuation pour corium.
# I.4/ Corium dans la chambre détalement
Cette étape, la dernière, consiste à neutraliser le corium une bonne fois pour toute.
* une géométrie empêchant le retour en criticité (déjà rendu complexe par la dilution dans le béton sacrificiel),
* un système pour refroidir le corium par-dessous et par-dessus.
Le corium arrive dans la chambre détalement qui a une surface denviron 170 m2. Le corium chaud, en coulant dans la conduite dévacuation va couper un fil, ce qui déclenche louverture dune trappe ouvrant une arrivée deau gravitaire deau provenant du réservoir IRWST (/In containment Refueling Water System Tank/). Ce système est intégralement passif, ni électricité, ni intervention humaine nécessaire. Cette eau commence par remplir les canaux horizontaux situés sous la chambre détalement. Les éléments du plancher contiennent des canaux de refroidissement horizontaux de sections rectangulaires. Lintérieur de la chambre détalement est recouvert dune couche de béton sacrificiel qui a la même fonction que le béton du puits de cuve, mais cette fois-ci il sert aussi à protéger temporairement la couche protectrice.
Chambre détalement. Crédit: IRSN.
Le corium va sétaler dans cette chambre. Cest de la physique complexe (que je ne vais pas détailler ici). Cet étalement est piloté par la compétition entre les forces hydrodynamiques et les changements de viscosité du corium (rhéologie) dus à son refroidissement. La géométrie de cette chambre détalement est conçue pour optimiser létalement, et ainsi limiter lépaisseur du corium, le rendant sous-critique et le préparant au renoyage en surface par-dessus.
Leau, froide donc, arrivant gravitairement de lIRWST, vient noyer le corium très chaud, donc il y a création de vapeur (beaucoup de vapeur) sur les premiers instants du noyage. Cette vapeur est recondensée par le système EVU (la Force dAction Rapide Nucléaire -FARN- est capable dalimenter ce circuit depuis quelle est prévenue de laccident grave).
Une fois que la croûte se forme en surface du corium, il y a une vaporisation très limitée, et une fois le niveau deau atteint suffisant, le corium est définitivement stabilisé.
Schéma dun angle de la chambre détalement du corium. Crédit: IRSN.
Pour conclure cette partie, une vidéo de présentation du /core catcher/ de lEPR de Flamanville.
Présentation de la construction du /core catcher/ par EDF.
Chambre détalement terminée sur lEPR FA3. Crédit: <EDF-EPR sur X> [15].
# *II/ Modélisation dun accident grave*
On ne peut pas faire une expérience avec les mêmes conditions quun réacteur nucléaire, pour des raisons économiques, techniques et réglementaires. Alors on simule ça dans des codes de calcul. Un code de calcul ce sont des choix de modélisations, des incertitudes et donc *ça se valide*, sinon ça ne vaut pas grand-chose.
Et ça se valide avec des expériences ! Les ingénieurs ne sont pas toujours derrière un ordinateur, lapproche empirique est *indispensable* ! Mais tu viens de dire quon ne faisait pas dexpériences réalistes ? Et oui, car on étudie chaque phase dun accident grave *séparément*. Voyez ça comme des images quon imbrique entre elles. A la fin, lensemble des images forment un film, qui modélise un accident grave intégralement, ce qui permet /in fine/ de contourner lobstacle que représente limpossibilité dune expérience réaliste. Et comment on réalise ce film ? Avec un code de calcul intégral !
*Présentation dASTEC*
ASTEC, pour /Accident Source Term Evaluation Code/, est développé par l/Institut de Radioprotection de de Sûreté Nucléaire,/ lIRSN. Cest un code dit « intégral» cest-à-dire quil simule toutes les étapes dun accident grave. Cela comprend:
* La thermohydraulique du circuit : module CESAR, proche du code de référence en thermohydraulique <CATHARE> [16], développé par le /Comissarait à lEnergie Atomique et aux Energies Alternatives/ (CEA) ;
* La dégradation du cœur : module ICARE ;
* Linteraction corium béton : module MEDICIS ;
* La chimie, la physique, le transport des gaz, aérosols et des produits de fission dans lenceinte : modules SOPHAEROS, ISODOP, COVI ;
* Les systèmes de sureté : module SYSINT ;
* La thermohydraulique de lenceinte : module CPA ;
* Le comportement des produits de fission : module ELSA ;
* Lévaluation des doses : module DOSE.
Les différents modules dASTEC. Crédit: IRSN.
Vous trouverez plus dinfos sur : <https://www.irsn.fr/recherche/systeme-logiciels-astec> [17]. Voici également une courte présentation vidéo du code ASTEC, qui est désormais *un code de référence en Europe sur les accidents graves des REP.*
*Présentation vidéo dASTEC*
Un code intégral doit répondre aux exigences suivantes :
- Calculer de façon exhaustive les phénomènes physiques intervenant lors dun accident de fusion du cœur, en maintenant un compromis temps de calcul/précision ;
- simuler le comportement des principaux systèmes de sûreté du réacteur, afin de se placer dans des conditions similaires à celles dun réacteur en accidentel, et tester différents scénarios de disponibilités des systèmes ;
- traiter complètement les couplages entre phénomènes, par exemple le refroidissement du corium dans le puits de cuve, en cours dinteraction corium-béton, par rayonnement et par convection dans lenceinte de confinement ;
- être découpé en module indépendant, pour faciliter notamment les comparaisons avec des résultats expérimentaux et ainsi valider les modules ;
- Etre rapide malgré sa grande taille (de 400 000 à 500 000 instructions et 1 000 à 1 500 sous-programmes). Cest très important quil puisse pouvoir calculer plus vite que le temps réel, afin de tester un grand nombre de scénarios.
*Fonctionnement dASTEC*
Pour expliquer (très) rapidement, le logiciel ASTEC a besoin de données dentrée, cest-à-dire les géométries, les matériaux et les conditions physico-chimiques initiales de lensemble du réacteur. Ces données sont fournies par lingénieur détude en accident grave.
A chaque pas de temps, ASTEC calcule lévolution des paramètres physiques et chimiques. Dans un code intégral, il y a une articulation de tous les modules, avec un ordre dexécution. On peut activer ou désactiver certains, selon le besoin, sachant que le nombre de modules impliqués augmente le temps de calcul !
Comment fonctionne ASTEC à chaque pas de temps du calcul. Crédit: IRSN.
/In fine, c/e qui intéresse lingénieur en sûreté nucléaire, ce sont les post-traitements des variables suivies ! Ci-dessous, un exemple de visualisation du cœur dun REP-900MWe dEDF. Ce que vous voyez est un post-traitement selon le temps des champs de température. Ce quil se passe dans cette séquence est une dégradation du cœur, vous voyez le niveau deau baisser progressivement jusquà être remplacé par le corium en fond de cuve. Vous constaterez que sur la 3ème image, la cuve a cassé au niveau de la couche de métal léger, à cause du /focusing effect/ expliqué en partie I !
Crédit: IRSN.
*Validation dASTEC*
Comme expliqué plus tôt, un code est une tentative de représentation du réel, il est donc nécessaire de le valider par comparaison avec... et bien le réel. Notez quon peut aussi valider un code en le comparant à des codes déjà validés. Par exemple le module thermohydraulique dASTEC, CESAR, est validé par comparaison avec le logiciel de référence <CATHARE> [18]. Je ne vais pas mattarder dessus.
Le principe dune validation empirique cest de faire une expérience, de la modéliser dans le code de calcul le plus fidèlement possible, et de comparer les résultats issus des observations et des capteurs avec la simulation numérique. On constate souvent des écarts, lobjectif cest de les réduire le plus possible tout en étant capable de dire pourquoi il y a des écarts et combien ils valent. ASTEC (en V2) est validé par un panel dexpériences assez immense, depuis 1990 et sans arrêt depuis. Cette validation sappuie sur plus de 160 essais dans le monde entier, en particulier sur les essais Phébus, cf. <https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/surete/programme-recherche-phebus-pf-0> [19].
Exemple de comparaison.
Les essais Phébus constituent une grande base de validation des modules <CESAR & ICARE> [20] (thermohydraulique et dynamique de dégradation) et <SOPHAEROS> [21] (comportement des produits de fission).
Liste des essais Phébus.
Il y a eu plein dautres validations et lobjectif nest pas de toutes les lister. Vous trouverez une liste des expériences menées sur ce lien: <https://www.irsn.fr/recherche/systeme-logiciels-astec#validation> [22]
## *Autre code utilisé en accident grave*
ASTEC ne modélise pas la phase finale dans la chambre détalement de lEPR. Pour cela, des programmes spécifiques ont été menés à linternational, avec des expériences passionnantes. Lobjectif étant davoir une compréhension fine du phénomène détalement du corium, de son refroidissement, puis de son noyage. Les logiciels français sont respectivement THEMA (code CEA) qui calcule la cinétique de solidification du corium (en masse et en croûtes) ainsi que lérosion du substrat. Et CROCO (code IRSN) qui permet une modélisation détaillée de la convection dans lécoulement. Un grand nombre dessais ont été menés, le plus impressionnant étant lessai VULCANO, comme montré ci-dessous.
Crédit: IRSN.
Il est ressorti de lensemble de ces programmes de R&D que létalement à sec du corium de REP permet son refroidissement ultérieur car lépaisseur de corium atteinte est suffisamment faible. Ainsi, lapproche retenue sur EPR est validée expérimentalement. Des incertitudes subsistent sur la capacité dune nappe de corium à sétaler sous eau, cest pour cela que lEPR fait le choix détaler le corium à sec en séparant physiquement eau et corium.
# Conclusion
Voilà comment on gère un accident grave sur lEPR. Jai volontairement éclipsé beaucoup de sujets sur le comportent des produits de fissions dans lenceinte, sur les différentes possibilités de stratification du corium. Jai aussi fait le choix de focaliser sur lEPR alors quil existe aussi dautres stratégies sur les autres réacteurs du parc de génération II (Les CP, P4/P4 et N4). Jai également restreint aux REP français, sans analyser les autres stratégies équivalentes sur <VVER> [23], <AP1000> [24], ou <APR1400> [25]. Je nai pas non plus parlé des filières à eau lourde (<CANDU> [26]), bouillantes (<BWR> [27], <ABWR> [28]), rapides (<SPX> [29]) ou encore des filières thermiques (HTR & <VHTR> [30]) et à sels fondus (<MSFR> [31]). Chaque technologie, présente une stratégie adaptée. *Tous les futurs réacteurs devront quoiquil en soit prendre en compte les accidents graves en compte*.
Je vous donne mes sources sur <ce lien> [32] (attention il nest valable que 7 jours). Tout est public et trouvable sur le site de lASN et/ou de lIRSN.
# *Annexe*
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=> https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/crise/accident-fukushima-daiichi-japon-2011 [9] /Fukushima/
=> https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/surete/deroulement-laccident-0 [10] /Three Miles Island/
=> https://www.framatome.com/fr/clients/nucleaire/flamanville-3/ [11] Framatome
=> https://www.cli-gravelines.fr/la-centrale-de-gravelines/presentation-de-la-centrale/ [12] EDF
=> https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/surete/6-ans-apres-laccident-suivi-regulier-modifications-programme-experimental#:~:text=la%20proc%C3%A9dure%20U5%2C%20qui%20a,proc%C3%A9dant%20%C3%A0%20des%20rejets%20filtr%C3%A9s. [13] procédure U5
=> https://fr.wikipedia.org/wiki/Mat%C3%A9riau_r%C3%A9fractaire [14] *matériau réfractaire*
=> https://x.com/EDFEPR/status/1488165234510602245 [15] EDF-EPR sur X
=> https://cathare.cea.fr/ [16] CATHARE
=> https://www.irsn.fr/recherche/systeme-logiciels-astec [17] https://www.irsn.fr/recherche/systeme-logiciels-astec
=> https://cadarache.cea.fr/cad/Documents/Entreprises/Valorisation/Rencontres-CEA-Industrie/11eme/42-FM-f-CATHARE%20V%2006%2011%2017.pdf [18] CATHARE
=> https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/surete/programme-recherche-phebus-pf-0 [19] https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/surete/programme-recherche-phebus-pf-0
=> https://www.irsn.fr/sites/default/files/documents/larecherche/outils-scientifiques/codes-de-calcul/icare.pdf [20] CESAR & ICARE
=> https://www.irsn.fr/page/fission-product-transport-modelling-astec-integral-code-sophaeros-module [21] SOPHAEROS
=> https://www.irsn.fr/recherche/systeme-logiciels-astec#validation [22] https://www.irsn.fr/recherche/systeme-logiciels-astec#validation
=> https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9acteur_VVER [23] VVER
=> https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9acteur_AP1000 [24] AP1000
=> https://fr.wikipedia.org/wiki/APR-1400 [25] APR1400
=> https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9acteur_CANDU [26] CANDU
=> https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9acteur_%C3%A0_eau_bouillante [27] BWR
=> https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9acteur_ABWR [28] ABWR
=> https://fr.wikipedia.org/wiki/Superph%C3%A9nix [29] SPX
=> https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9acteur_nucl%C3%A9aire_%C3%A0_tr%C3%A8s_haute_temp%C3%A9rature [30] VHTR
=> https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9acteur_nucl%C3%A9aire_%C3%A0_sels_fondus [31] MSFR
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