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à quand la rupture climatique par Jean-Marc Jancovici
Mardi 21 novembre 2017 à 19h
Tout le monde ou presque est gagné à l'idée de sortir des énergies fossiles et « décarboner » nos activités. Cependant nous sommes encore loin d'atteindre les objectifs fixés par l'Accord de Paris sur le changement climatique. Comment expliquer cette incapacité à passer à l'action ? Quelles mesures faut-il mettre en oeuvre pour arriver à une vraie rupture énergétique et avec quelles contreparties ?source: la Cité des Sciences
J'ai pris ma petite moto en sortant du boulot pour me rendre à la cité des sciences à 19h afin d'assister à la conférence de ce cher Jean Marc Jancovici, notre expert national sur les thématiques énergétiques à peu de choses près aussi connu que Nicolas Hulot. Sauf que Jean Marc vulgarise vachement plus.
La rupture énergétique c'était il y a environ 400 000 ans avant notre ère quand les premiers humains ont domestiqué le feu. Voilà, vous pouvez aller manger.
Qu'est-ce que l'énergie?
On y a vu notamment ce qu'est l'énergie. On s'imagine bien des choses, mais c'est une chose abstraite: un potentiel de changement sur le monde. quand vous chauffez de la soupe, vous utilisez de l'énergie sous forme de chaleur. Quand vous faites un barrage, vous stockez de l'énergie. Quand vous pelletez votre jardin, vous utilisez de l'énergie mécanique.Comme se méprennent les politiciens professionels à vouloir lutter contre le chômage via la croissance du PIB sans faire rentrer en jeu l'approvisionnement en énergie. On a vu aussi que puisque nous sommes des pilotes de machines capables d'énormément plus de boulot que les humains, et que les machines mangent de l'énergie, si on a moins d'énergie dispo, on a autant d'humains en moins pour bosser en pilotant ces machines. Et ce ne sont pas des humains qui pourront produire un travail aussi efficace et rapide pour un si bas coût.
Si on a aboli l'esclavage ce n'est pas parce qu'on est devenus plus gentils ou philantropes, c'est parce que c'était moins rentable d'utiliser des esclaves humains que des esclaves-machines. Donc le jour où on aura plus de quoi faire bosser nos machines il y a de fortes chances qu'on redevienne moins gentils. on en voit déjà des exemples avec les premiers réfugiés climatiques et les conflits militaires pour obtenir différentes ressources.à propos de réelle démocratie, on cite souvent Athènes et ses forums. Mais il ne faut pas oublier que ceux qui participaient à tout ça étaient assis sur des armées d'esclaves, qui eux n'avaient pas voix au chapitre.
On a pas mal causé de génération d'électricité et d'énergies renouvelables.[caption id="attachment_2310" align="alignnone" width="840"] TéraWattHeures par an pour selon les sources pour faire de l'électricité pilotable[/caption]
Ce graphique multicolore montre la fourniture de nos différentes sources d'énergies à l'échelle mondiale, elles ne font que s'ajouter les unes aux autres lorsque l'on en utilise une nouvelle. Les renouvelables ne viennent pas pour le moment remplacer les énergies fossiles, qui elles sont subventionnées bien plus généreusement par nos impôts.L'idée donc, de passer entièrement au renouvelables d'ici 2030 c'est de faire en sorte que la petite bande verte en haut remplace les autres courbes.C'est pourquoi l'Allemagne par exemple , bien qu'ayant investi 300 milliards d'équivalent euros pour développer de l'éolien et du solaire, a toujours des émanations de gaz à effet de serre par habitant plus importante que la France, qui elle utilise de très loin principalement du nucléaire. Qui a d'autres désavantages, certes mais qui nous fera crever bien plus lentement que l'utilisation massive de centrales à charbon comme c'est actuellement le cas dans le monde pour les deux tiers de l'énergie produite.On a un gros embrouillage médiatique à propos des accords de la COP21, on s'est fixés un objectif de réchauffement climatique GLOBAL de 2° Celsius de d'ici 2100. Sauf que dans la tête des gens normaux, on s'imagine que ça n'a rien de bien grave: on passe de zéros degrés à 35 degrés entre l'hiver et l'été. Sauf que c'est confondre local et global. C'est aussi s'imaginer que le changement va être constant pour le réchauffement ou le niveau de la mer alors qu'il va être par paliers, qu'il n'y aura aucun dommage à nos infrastructures existantes, qu'on arrivera à faire tout comme aujourd'hui tout pareil jusqu'en 2100, que 2°C de plus c'est le maximum si on ne change rien. Tout ça est détaillé dans le livre qui va bien avec la conférence "dormez tranquille jusqu'en 2100 et autres malentendus sur le climat" (que j'ai choppé en ebook après la conférence. Très détaillé et fournissant pas mal de chiffres avec leurs sources, en éclairant les nombreux malentendus sur le sujet dont on est abreuvé quotidiennement).Donc bon, on a quelques pistes pour éviter l'enfer sur terre et une floppée de catastrophes naturelles provoquées par nos petites mimines d'homo industrialis sous peu.Le plus simple en premier est de réduire notre dépendance aux énergies fossiles en en réduisant leur utilisation. Le poste le plus influent sur lequel on peut agir est celui de l'agriculture, en choisissant de consommer de la bouffe qui vient du moins loin possible on a bien plus d'influence qu'en évitant de prendre l'avion le plus possible.
J'ai ainsi pu voir que les transports dont on entend en premier parler lorsqu'il s'agit de réduction de consommation d'énergie ne sont pas la chose la plus importante dans le lot, contrairement à ce que l'on pourrait croire. Une priorité pour décarbonner nos sources d'énergie serait de se mettre en route vers une sortie du charbon, bien plus urgente et source de morts que toutes les catastrophes nucléaires réunies ont pu faire.Pour un térawatt-heure produit (et nous en produisons près 20 000 par an en ce moment) il nous faut compter entre 20 et 30 morts si on utilise du charbon (qui occupe deux gros tiers de la source de production d'électricité mondiale), contre 0.3 morts en ce qui concerne le nucléaire civil, toutes catastrophes incluses (qui occupait 17% de production mondiale en 2016). C'est assez hallucinant.J'ai appris aussi qu'en ce qui concerne les cancers, globalement chez les humains on a une chance sur 4 de mourir de cancer, et que le charbon provoquait aussi des malformations chez les nouveaux nés, dont on entend pas tellement parler.Il semblerait aussi qu'on se méprenne pas mal sur les méfaits du nucléaire qui, quand on les met en face des méfaits d'autres sortes de centrales, sont de très loin bien moins polluantes et moins dangereuses, court et long terme compris.Enfin, en qui concerne des scénarios 100% renouvelable, ils ne semblent pas pour l'instant préférable à ceux proposant une bonne partie de nucléaire si on veut réduire nos émissions de gaz à effet de serre et autres pollutions vraiment pas très sympa. Les technologies évoluent, et ça mérite qu'on se documente dessus rapidement.